martedì 20 maggio 2025

Céline - Jean-Claude Brisseau

un film strano, rispetto a quello che si vede di solito. 

Jean-Claude Brisseau parte con lentezza e poi è un film tutto in crescendo, arrivando a un finale "magico" e allo stesso tempo credibile, senza effetti speciali.

un film da non perdere, promesso.

buona (Brisseau) visione - Ismaele



QUI il film completo con sottotitoli in spagnolo

 

 

CELINE reste un objet filmique à part. Un produit à contre-courant, ne trouvant de filiation artistique (et presque ascétique) en son temps qu'en la trajectoire du superbe THERESE d'Alain Cavalier. Un sujet risqué, prolongement naturel de la thématique de rédemption amorcée dans DE BRUIT ET DE FUREUR, déjà traversé par des secousses fantastiques, mais plus encore de NOCE BLANCHE. Ici, Céline apparait comme dénuée de tout : identité, envie de vivre.

Ce dépouillement psychologique s'accompagne, naturellement, de celui des possessions. Céline va donc graduellement se retirer du monde extérieur afin de trouver une paix intérieure. Et Brisseau guide intelligemment ce voyage par une épure du cadre, une absence d'artifice. Et glisse sur la forme d'un conte spirituel. Qui débute sur des images de peintures et hiéroglyphes - une nouvelle vie après une mort - annonçant la couleur au spectateur-témoin, comme une évidence. L'initiation de Céline s'effectue via la médiation, le yoga jusqu'à toucher une corde sensible de son être. Et libérer une force de guérison, provoquer des visions, des apparitions.

Bien malgré elle, puisque Céline souhaite également se débarrasser des oripeaux de toute influence sur son entourage indirect. Adopter comme une sorte de langage d'après sa mort psychologique : celui d'une réincarnation ou d'une résurrection. Une irruption du surnaturel dans une vie de femme en rupture de désir. Le film avait été taxé de surfer sur la vague du new age alors très en vogue au début des années 90. Il n'en est rien, s'agissant surtout d'un trip initiatique de deux femmes. L'une au trauma identifié et guéri par justement des méthodes de réflexion sur soi. et qui en aide une seconde, accédant à un nouveau chemin pour se sauver d'elle-même - et au-delà…

da qui

 

La lumière sert aussi le récit : elle suit la renaissance de Céline, les ambiances sombres des extérieurs du début du film allant, après le feu libérateur des attaches au passé, vers un ensoleillement progressif des cadres, aux limites de la surexposition dans les dernières séquences. Une atmosphère poétique, délicatement accompagnée par la musique de Georges Delerue.

Céline se distingue aussi dans l’oeuvre de Jean-Claude Brisseau par la place qu’il donne au fantastique, ce qu’avait esquissé De bruit et de fureur en 1988. Un fantastique évanescent, voire incertain : la lévitation de Céline n’est-elle pas seulement le fruit de l’imagination de Geneviève. Elle se le demande elle-même… il faisait si sombre.

Céline est un drame à deux personnages, Geneviève, interprétée avec sensibilité et naturel par María Luisa García, au générique sous le nom de Lisa Hérédia, compagne de Jean-Claude Brisseau, qui a contribué à bon nombre de ses films en tant qu’actrice, monteuse, directrice artistique ou créatrice des costumes. Dans le rôle-titre, Isabelle Pasco, ici dans un de ses meilleurs emplois. On voit dans une scène Danièle Lebrun, incarnant la mère adoptive de Céline…

da qui

 

Osons friser un peu l’hyperbole : tout chef-d’œuvre absolu qu’il soit, on n’hésitera pas à qualifier Céline de bienfait, voire de médicament pur et simple, et ce parce que les enjeux de son intrigue et les partis pris de sa mise en scène renferment tout ce qui peut interpeller, travailler et régénérer un spectateur récemment marqué par un traumatisme, un deuil, un manque ou tout autre facteur d’isolement. Il y a aussi tout ce qu’un cinéphile est en droit d’attendre d’une expérience de cinéma : d’une part un lyrisme incandescent qui le brûlera vif, d’autre part un dialogue implicite avec son propre vécu cinéphile. Preuve en est que la cinéphilie de Brisseau – que l’on sait vaste et transversale – joue elle aussi le rôle du « fantôme apaisant » dans un grand nombre de scènes : la confrontation à une figure symbolique de la Mort dialogue ouvertement avec Le Septième Sceau d’Ingmar Bergman, la lettre de départ de Céline en tant que missionnaire en Chine constitue un clin d’œil discret à l’ultime film de John Ford (Frontière chinoise, l’un des films préférés de Brisseau), et ne parlons pas de cette tentative de suicide de Céline au début du film, renvoyant bien sûr à la plongée désespérée de Kim Novak dans la baie de San Francisco qui reste l’une des scènes-clés du Vertigo d’Alfred Hitchcock. Même si sa carrière l’aura amené par la suite vers un cinéma plus frontal et plus téméraire dans ses partis pris de mise en scène (notamment sur la question de la représentation du sexe à l’écran), Brisseau n’aura jamais su égaler pareil zénith. Aujourd’hui, grâce à un récent Blu-Ray édité par Gaumont, Céline retrouve enfin toute sa magnificence visuelle, jusqu’ici souillée par des copies 35mm abîmées et un infâme pressage DVD qui donnait envie de se crever les yeux. Rares sont les films capables de redonner la joie de vivre à un spectateur désenchanté ou déprimé, de lui faire retrouver toute sa faculté à s’ouvrir pleinement au monde extérieur, loin des dogmes, des idées reçues et des conventions sociales. Celui-ci en est un. Faites-nous confiance, vous le méritez.

da qui

 



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