un film strano, rispetto a quello che si vede di solito.
Jean-Claude Brisseau parte con lentezza e poi è un film tutto in crescendo, arrivando a un finale "magico" e allo stesso tempo credibile, senza effetti speciali.
un film da non perdere, promesso.
buona (Brisseau) visione - Ismaele
QUI il film completo con sottotitoli in spagnolo
…CELINE reste un objet
filmique à part. Un produit à contre-courant, ne trouvant de filiation
artistique (et presque ascétique) en son temps qu'en la trajectoire du
superbe THERESE d'Alain
Cavalier.
Un sujet risqué, prolongement naturel de la thématique de rédemption amorcée
dans DE BRUIT ET DE FUREUR, déjà traversé par des secousses
fantastiques, mais plus encore de NOCE BLANCHE. Ici, Céline
apparait comme dénuée de tout : identité, envie de vivre.
Ce dépouillement psychologique s'accompagne, naturellement, de celui des possessions. Céline va donc graduellement se retirer du monde extérieur afin de trouver une paix intérieure. Et Brisseau guide intelligemment ce voyage par une épure du cadre, une absence d'artifice. Et glisse sur la forme d'un conte spirituel. Qui débute sur des images de peintures et hiéroglyphes - une nouvelle vie après une mort - annonçant la couleur au spectateur-témoin, comme une évidence. L'initiation de Céline s'effectue via la médiation, le yoga jusqu'à toucher une corde sensible de son être. Et libérer une force de guérison, provoquer des visions, des apparitions.
Bien malgré elle, puisque Céline souhaite
également se débarrasser des oripeaux de toute influence sur son entourage
indirect. Adopter comme une sorte de langage d'après sa mort psychologique :
celui d'une réincarnation ou d'une résurrection. Une irruption du surnaturel
dans une vie de femme en rupture de désir. Le film avait été taxé de surfer sur
la vague du new age alors très en vogue au début des années 90. Il n'en est
rien, s'agissant surtout d'un trip initiatique de deux femmes. L'une au trauma
identifié et guéri par justement des méthodes de réflexion sur soi. et qui en
aide une seconde, accédant à un nouveau chemin pour se sauver d'elle-même - et
au-delà…
…La lumière sert aussi le récit :
elle suit la renaissance de Céline, les ambiances sombres des extérieurs du
début du film allant, après le feu libérateur des attaches au passé, vers un
ensoleillement progressif des cadres, aux limites de la surexposition dans les
dernières séquences. Une atmosphère poétique, délicatement accompagnée par la
musique de Georges Delerue.
Céline se distingue
aussi dans l’oeuvre de Jean-Claude Brisseau par la place qu’il donne au fantastique,
ce qu’avait esquissé De bruit et de fureur en 1988. Un fantastique évanescent,
voire incertain : la lévitation de Céline n’est-elle pas seulement le
fruit de l’imagination de Geneviève. Elle se le demande elle-même… il faisait
si sombre.
Céline est un drame à
deux personnages, Geneviève, interprétée avec sensibilité et naturel par María
Luisa García, au générique sous le nom de Lisa Hérédia, compagne de Jean-Claude
Brisseau, qui a contribué à bon nombre de ses films en tant qu’actrice,
monteuse, directrice artistique ou créatrice des costumes. Dans le rôle-titre,
Isabelle Pasco, ici dans un de ses meilleurs emplois. On voit dans une scène
Danièle Lebrun, incarnant la mère adoptive de Céline…
…Osons friser un peu
l’hyperbole : tout chef-d’œuvre absolu qu’il soit, on n’hésitera pas à
qualifier Céline de bienfait, voire
de médicament pur et simple, et ce parce que les enjeux de son intrigue et les
partis pris de sa mise en scène renferment tout ce qui peut interpeller,
travailler et régénérer un spectateur récemment marqué par un traumatisme, un
deuil, un manque ou tout autre facteur d’isolement. Il y a aussi tout ce qu’un
cinéphile est en droit d’attendre d’une expérience de cinéma : d’une part un
lyrisme incandescent qui le brûlera vif, d’autre part un dialogue implicite
avec son propre vécu cinéphile. Preuve en est que la cinéphilie de Brisseau –
que l’on sait vaste et transversale – joue elle aussi le rôle du « fantôme
apaisant » dans un grand nombre de scènes : la confrontation à une figure
symbolique de la Mort dialogue ouvertement avec Le
Septième Sceau d’Ingmar Bergman, la lettre de départ de
Céline en tant que missionnaire en Chine constitue un clin d’œil discret à
l’ultime film de John Ford (Frontière chinoise, l’un des
films préférés de Brisseau), et ne parlons pas de cette tentative de suicide de
Céline au début du film, renvoyant bien sûr à la plongée désespérée de Kim
Novak dans la baie de San Francisco qui reste l’une des scènes-clés du Vertigo d’Alfred
Hitchcock. Même si sa carrière l’aura amené par la suite vers un cinéma plus
frontal et plus téméraire dans ses partis pris de mise en scène (notamment sur
la question de la représentation du sexe à l’écran), Brisseau n’aura jamais su
égaler pareil zénith. Aujourd’hui, grâce à un récent Blu-Ray édité par
Gaumont, Céline retrouve enfin
toute sa magnificence visuelle, jusqu’ici souillée par des copies 35mm abîmées
et un infâme pressage DVD qui donnait envie de se crever les yeux. Rares sont
les films capables de redonner la joie de vivre à un spectateur désenchanté ou
déprimé, de lui faire retrouver toute sa faculté à s’ouvrir pleinement au monde
extérieur, loin des dogmes, des idées reçues et des conventions sociales.
Celui-ci en est un. Faites-nous confiance, vous le méritez.
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