venerdì 12 giugno 2020

Bé Omid é Didar (Au Revoir) - Mohammad Rasoulof

fuggire dalla prigione Iran è impossibile, Noora è un avvocato dei diritti umani, ha un marito che ha scritto contro il potere, ha il fiato sul collo degli sgherri del regime, aspetta una bambina, vuole andare via.
sembra facile a noi, lì no.
Noora resiste, con sempre maggiore difficoltà, vuole evadere da quella prigione.
un film da non perdere, per chi mette in conto di soffrire (almeno al cinema).
buona visione - Ismaele





Un senso di sconvolgente estraneità, difficile da sostenere per lo sguardo, abita Bé Omid é Didar e se ne impossessa come unica condizione possibile in Iran. Un paese dove il futuro può offrire solo una vita malata, ancora prima della sua nascita, e dove un principio distruttivo regola ogni rapporto fino a prosciugarlo. Imprigionata in una claustrofobica gabbia ormai rotta, come la tartaruga che tiene in casa, Noora vive la continua violazione del suo spazio e delle sue speranze, mentre il suo sguardo, sempre puntato su un fuori campo irrealizzabile, rivela con disperato stupore il vuoto che va fagocitando ogni movimento vitale. La staticità che circonda e bracca Noora, unico corpo pulsante del film che si ferma ad ascoltare il battito del cuore della bambina che ospita nel suo ventre, è l’immagine mortuaria di un mondo svuotato. Come la città sulla quale si affaccia la protagonista: un orizzonte  distrutto dalla sua immobilità e al quale è stata negata anche la voce per gridare il proprio dolore. A questo scenario di morte, che con la sua livida intransigenza divora ogni immagine, Mohammad Rasoulof oppone la resistenza della sua protagonista. Incurante del logoramento fisico, costretta a subire un’asfissiante solitudine mentre tentano di depredarla della dignità e del futuro, Noora continua testardamente ad avanzare – come Rasoulof, che ha realizzato questo film semi-clandestinamente – in una struggente lotta che si rivela il sogno fallito di una rivoluzione ancora impossibile.

Il est parfois difficile pour un spectateur occidental de voir un film iranien (ou provenant d’un autre pays au contexte politique complexe) de manière complètement innocente ; de ne pas être tenté, consciemment ou non, d’interpréter chaque élément du film et de son récit de manière uniquement politique et revendicative. Il est parfois facile d’oublier qu’un film iranien est aussi avant tout un film comme les autres, c'est-à-dire une œuvre d’art plutôt qu’un tract. Mohammad Rasoulof est l’ « autre » cinéaste iranien (avec Jafar Panahi) à être actuellement menacé de prison et d’interdiction de filmer - Au revoir a d’ailleurs été tourné clandestinement, majoritairement en intérieur, mais le cinéaste le dit d’ailleurs lui-même : « On parle, hélas, beaucoup plus de ce qui entoure les films et pas assez des films eux-mêmes. Je veux être considéré comme un cinéaste qui exerce tout simplement son métier »…

C’est qu’Au revoir est aussi un grand film politique, pas une fiction sociale larmoyante et consensuelle mais un véritable objet de cinéma, proche des univers kafkaïens de Cadavres exquis de Francesco Rosi ou Hunger de Steve McQueen, Couloirs, salles d’attente, rames de métro et taxis sont ici des éléments de décor traduisant la solitude et l’enfermement d’individus privés de lien social, bien mis en lumière par des plans-séquences qui ne sont pas de simples figures de style.
« Quand on se sent étranger dans son propre pays, autant de sentir étranger dans un autre pays », réalise Noura, prise dans un dédale d’impasses où toute sonorité semble une menace permanente. Si Marjane Satrapi trouvait vite la fuite dans Persepolis, l’évasion est ici moins aisée et le pessimisme plus explicite. Tourné dans la semi-clandestinité par un cinéaste condamné (avec Jafar Panahi) à une peine de prison pour « propagande contre l’État », Au revoir est un cinéma de résistance et une œuvre majeure sur l’oppression, à voir en complément du magistral Une séparation de Afghar Farhadi.

Sans cris ni brutalités, une mise en scène d'une radicalité et d'une intelligence rares fait exploser à l'écran l'essence de l'oppression politique. Quel que soit le décor, les murs sont de la même couleur, celle-là même qu'a fini par revêtir le monde aux yeux de Noura, gris terne, invariablement. Ils sont filmés en plan fixe, en accordant une grande importance au hors-champ. Simple, confiant dans la puissance d'évocation primaire du cinéma, ce dispositif exalte avec une force à couper le souffle la violence effarante contenue dans un contexte politique aussi délétère, dans le moindre son, dans le moindre geste.

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